L’arc romain de Saintes est votif, car il est un don en l’honneur de l’Empereur Tibère, offert par un notable Santon romanisé, Caius Julius Rufus. Ce dernier a dédié le monument à son Empereur ainsi qu’à son fils Drusus et son neveu et fils adoptif Germanicus. L’arc est aujourd’hui dit de GERMANICVS car c’est le nom le plus visible sur l'attique, mais il s’agit en réalité d’un arc dédié en premier lieu à Tibère. Le monument est à deux baies, correspondant aux deux sens de circulation, ce n’est en aucun cas un arc de triomphe. Il commémore et symbolise également l’achèvement de la VIA d’AGRIPPA, la route antique qui reliait LVGDVNVM (Lyon), capitale des Gaules, à MEDIOLANVM (Saintes), capitale de l’AQVITANIA.
Il est érigé en 18-19 de notre ère. Cette datation très précise est rendue possible grâce à la lecture des dédicaces indiquant les titres de GERMANICVS, c’est-à-dire entre janvier 18, date à laquelle il a été nommé Consul pour la seconde fois, et octobre 19, date de sa mort.
L’arc est considéré comme une porte monumentale de ville, séparant la VIA d’AGRIPPA du pont antique en pierre qui franchissait le fleuve Charente et donnait sur le DECVMANVS MAXIMVS qui traversait d’est en ouest la cité antique de MEDIOLANVM.
La Statuaire
Les inscriptions de la dédicace constituent la légende de trois statues qui devaient couronner l'arc. Le bas d'une patte arrière de cheval en bronze doré aurait été trouvé près de l'arc à la fin du XIXe siècle. Peut-être qu'une statue équestre de l'empereur Tibère trônait au sommet de l'arc, avec de chaque côté les statues (ou groupes de statues) de Germanicus et de Drusus.
Le pont de MEDIOLANVM était le seul ouvrage d’art permettant le franchissement de la Charente pendant l’antiquité. Il était donc le passage obligé de toutes les voies terrestres venant du nord et de l’est en direction de l’océan et du sud. L’imposant arc de près de 15 mètres de haut, couronné de ses statues impériales, avait pour rôle d’impressionner les voyageurs et de montrer la grandeur et la puissance de Rome, ainsi que la générosité de son donateur Rufus.
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Érigé à la toute fin du Ier siècle avant notre ère, il est antérieur de l'arc de Germanicus (daté lui de 18-19 de notre ère),Il marquait l'entrée de la cité de MEDIOLANVM ,il permettait de franchir la Charente et reliait la cite capitale de la Gaule Aquitaine implantée sur la rive gauche à la voie d'Agrippa sur la rive droite, qui se dirigeait vers Lugdunum Il fut surement précédé par un pont de bois. |
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Caractéristiques architecturales
Il mesure 15,80m de large, 14,71m de haut, pour 3,90m d'épaisseur. Les pylônes latéraux font 2,90m de large, le pylône central 2,15m. L'espace entre chaque pylône fait 3,80m pour 9,70m de hauteur sous les arches.
Il est décoré de façon sobre. Une série de grandes corniches créant des lignes horizontales vigoureuses séparent les différents niveaux du monument.
Les trois piédroits des arches ont un socle surmonté par des pilastres cannelés portant des chapiteaux corinthiens. L’étage des voûtes est décoré, aux angles, de colonnes cannelées engagées aux deux tiers, surmontées de chapiteaux composites. Ceux-ci comptent parmi les plus anciens de leur catégorie en occident. L’arc est couronné par un entablement dont la frise porte sur chacune des faces principales les mêmes dédicaces. L’arc est aussi un support épigraphique, son donateur a fait graver sur l’arc ses titres et sa généalogie d’origine gauloise.
L’arc subira certaines transformations au Moyen-Âge (crénelage au sommet). L’élargissement du lit du fleuve entraînera le prolongement du pont vers l’est. L’arc se retrouvera alors les pieds dans l’eau.
Victor Hugo, Prosper Mérimée, Jean-Jacques Clerget et Victor Fontorbe
Promis à la démolition vers 1840, en même temps que l’ancien pont médiéval qui menaçait de ruine, il a été sauvegardé après l’intervention de Victor Hugo lors de son passage à Saintes en septembre 1843 et de son ami Prosper Mérimée, inspecteur des Monuments Historiques, avec l’appui des membres de la Société d’archéologie de Saintes alors récemment créée.
L'arc est démonté à partir de 1843, puis remonté sur la place Bassompierre jusqu'en 1851, à 28 mètres de son emplacement d’origine. Les travaux sont supervisés par l’architecte parisien Jean-Jacques Clerget et l’architecte saintais Victor Fontorbe. Beaucoup des pierres d’origine en mauvais état seront remplacées par des pierres neuves lors de la restauration. La plupart des pilastres et chapiteaux ne sont pas d’origine.
L’arc sera classé au titre des monuments historiques en juillet 1905.