Grèce ionie Céramique Coupe de l 'oiseleur à figures noires Paris ML
English Translation

Durant le second quart du VIe siècle, la production de la Grèce de l'est se rapproche des modèles attiques à figures noires. Parfois, comme ici, le décor intérieur se développe avec une inspiration étonnante. La scène est un éloge à la végétation généreuse et accessible à l'homme qui se trouve en son milieu. Certains n'hésitent pas à y voir un esprit dionysiaque ou Dionysos, dieu de la vigne et de la nature. D'autres reconnaissent un oiseleur, allant chercher un nid ou un oisillon.

Le groupe des coupes dites des Petits Maîtres, probablement d'origine samienne, est désigné ainsi pour sa ressemblance avec la production athénienne contemporaine d'une peinture miniaturiste exécutée sur les coupes à pied haut à lèvres verticales.
Durant le second quart du VIe siècle, les influences artistiques des ateliers attiques à figures noires se retrouvent dans les productions des ateliers de la Grèce de l'Est. Malgré la qualité médiocre d'une production en série, nous remarquons quelques pièces majeures qui sortent du lot. En général, l'argile et la technique s'approchent des modèles attiques et les formes s'inspirent des coupes de Siana et des coupes à lèvre produites à Athènes.
Sur les coupes ioniennes l'extérieur de la lèvre est souvent décoré d'une guirlande de lierre et l'intérieur d'une frise d'animaux ou d'oiseaux. L'intérieur de la vasque est d'ordinaire décoré de cercles concentriques qui encadrent un médaillon présentant une ou deux figures. Contrairement à la technique des figures noires attiques les détails sont soulignés par des fines lignes réservées imitant les incisions. Cette technique caractérise les vases de Fikellura à Rhodes et se trouve également, pendant la même période mais brièvement, dans la production de Milet.

La scène qui décore toute la surface à l'intérieur de la vasque, très riche en petits détails pittoresques, semble être purement décorative. Un homme barbu, vêtu d'un pagne, se trouve entre deux arbres ou plutôt, en raison de la forme des feuilles, entre deux ceps de vigne présentés en perspective plongeante. Il tient les branches dans ses mains. Sur l'arbre, derrière lui, nous voyons un nid d'oiseau contenant quatre oisillons peints au vernis dilué. Bec ouvert, ils attendent la nourriture que leur mère, qui vole vers eux, leur apporte. Un serpent s'approche du nid, les yeux figurés de face, déroulant ses volutes sur le tronc de l'arbre. Plus loin, une sauterelle est cachée parmi les feuilles. Sur l'arbre d'en face un oiseau est perché, les ailes déployées.
La scène est vivante, pittoresque, une oeuvre dédiée à une nature riche, généreuse et accueillante. C'est peut-être le dieu de la vigne et de la nature lui-même. D'autres voient en lui un oiseleur. Pour ces raisons certains savants n'ont pas hésité à l'identifier comme un "Maître des arbres", un esprit dionysiaque ou Dionysos qui s'agrippe aux branches allant chercher le nid ou un oisillon.