Haute de 5 cm, cette petite chouette au masque schématique d'une étonnante expressivité, est aussi un vase à parfum (aryballe) comme l'indique son réservoir intérieur, son embouchure et les orifices de suspension situés dans sa base. Le charme de cette oeuvre tient à la maîtrise parfaite de la forme moulée et des composantes du décor : dessin au trait, vernis noir et rehauts de couleur.

Alors qu'elle était restée très en retrait d'Athènes à l'époque géométrique, Corinthe va devenir l'atelier céramique dominant de l'époque orientalisante (VIIe siècle av.-J.-C.). Cette phase de la production corinthienne est appelée le Protocorinthien.
Son succès s'explique par sa spécialisation dans les petits vases à parfum, faciles à exporter, par l'invention d'une nouvelle technique, celle des figures noires qui ajoute aux silhouettes noires déjà existantes des incisions et des rehauts de couleurs, ainsi que par l'adoption du répertoire orientalisant très en faveur à cette époque.

Au Protocorinthien récent (650-625 av. J.-C.), la virtuosité des potiers et des peintres atteint son plus grand développement avec la production de vases miniatures, parfois en forme d'animaux, comme c'est le cas ici.
En dépit de sa forme, celle d'une petite chouette très expressive avec sa tête penchée et ses grands yeux étonnés, ce vase est un aryballe : petit vase à parfum dont Corinthe s'était fait la spécialiste. En effet, un réservoir se trouve à l'intérieur de l'objet et un orifice a été pratiqué sous la base afin de favoriser l'écoulement du liquide. De même, les deux trous percés dans cette même base permettaient de suspendre l'objet à son poignet.
Peinture noire, rehauts rouges, dessin au trait et piquetage viennent décorer ce précieux vase, alors qu'un coup de feu (accident de cuisson) est venu colorer en rouge clairs certaines plumes destinées initialement à être noires.