En France, les plus anciennes mentions de ces voitures d’enfant remontent à la prime jeunesse du roi Louis XIII. Dans sa petite enfance, le jeune Louis XIII possède plusieurs véhicules miniatures pour son amusement. Il a un petit carrosse rouge tantôt tiré par deux valets de pied, tantôt attelé à « deux de ses bidets » ou même à « ses chiens, lui dedans ». Le 24 novembre 1610 « il fait atteler ses dogues à son petit carrosse». En 1603, on lui avait donné « un carrosse où il y avait quatre poupées ; l’une était la reine, les autres Madame et Mademoiselle de Guise et Mme de Guiercheville ». Entre 1603 et 1610, il a un carrosse-automate « qui marchait à ressort ». Il joue avec des chevaux et des charrettes de carton (3).
Au mois d’octobre 1731 « le comte de Saxe présente au Roy [Louis XV] sept petits chevaux noirs, tous d’une forme très agréable et d’une extrême vivacité, qui n’ont de hauteur que 26 à 27 pouces. Ils sont destinés pour Monseigneur le Dauphin. S.M. en parut très satisfaite. Elle les vit dans la grande cour du chenil à Versailles. Il y en avait six d’attelés à un petit phaéton, mené par le comte de Saxe, avec un postillon. Il les a fait venir expressément d’une île de la Mer Baltique (4) ».
Sous la Restauration, le petit duc de Bordeaux et sa sœur Mademoiselle d’Artois, enfants du duc de Berry assassiné en 1820, ont pour leurs promenades « une calèche peinte de blanc mat et recouverte d’une tente crème enguirlandée de roses et d’épis d’or ; les guirlandes descendent sur le coffre et dessinent le contour des panneaux. A l’intérieur, c’est un joli capiton de casimir épinglé gris argent, et le siège drapé à l’anglaise est bordé de galons en S avec de la soie blanche. Conduits par quatre petits chevaux blancs, ils vont aux Tuileries ou au Bois, le plus souvent en la compagnie de leur mère [la duchesse de Berry] qui les veut suivre à cheval (5)».
Les voitures d’enfants imitent en réduction, avec plus ou moins d’exactitude, la plupart des types hippomobiles en vogue selon les époques : carrosses, calèches, berlines, phaétons, coupés, vis-à-vis, landaus…
Les voitures royales ou princières par la richesse de leurs matériaux et de leur décoration symbolisent pouvoir et fortune. Comme elles, les voitures d’enfants destinées aux jeunes princes affirment par leur somptuosité et leur luxe la noble origine et l’appartenance dynastique de leurs petits occupants.
L’exemple le plus significatif est la petite calèche que tiraient deux moutons mérinos dressés par les frères Franconi célèbres écuyers du Théâtre équestre, offerte en 1812 par Caroline Murat reine de Naples à son neveu, le tout jeune roi de Rome fils de Napoléon 1er. Couramment appelée « phaéton du roi de Rome », cette voiture est conservée à Vienne au palais de Schönbrunn (Kunsthistorisches Museum, Wagenburg).