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La chaloupe du gouverneur ayant été attaquée, avec des blessés à bord, Charles de Freycinet, polytechnicien de la promotion X 1846, colonial ardent, ministre des Colonies, décide d’attaquer Béhanzin. Les Chambres le suivent et votent les crédits.
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Le 30 avril, la France décide d’envoyer un corps expéditionnaire de 4 000 hommes, aux ordres du colonel Alfred Amédée Dodds, un mulâtre de Saint-Louis. Sur sa demande, un bataillon de 800 légionnaires, puisés en fractions égales dans les deux Régiments étrangers, aux ordres du commandant Faurax, lui est affecté. Le capitaine Drude commande une des compagnies.
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Les 1ère et 3e compagnies de ce bataillon appartenant au 1er Régiment étranger, partent de Sidi-Bel-Abbès le 2 août ; les 2e et 4e compagnies appartiennent au 2e Régiment étranger. 22 officiers et 802 sous-officiers et légionnaires embarquent le 5 août à Oran, sur les paquebots Mytho et San Nicolas. Ils débarquent à Cotonou le 26 août.
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La mission est de s’emparer d’Abomey et de contraindre Behanzin à la négociation. Mais la campagne ne s’annonce pas facile car le Dahomey est un véritable royaume, dirigé par son chef avec autorité. Le Dahomey possède une véritable armée.
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Les quatre compagnies de la Légion sont ventilées dans les trois groupes constitués par le colonel Dodds, qui sont pour le reste à base de tirailleurs sénégalais levés à Dakar. Le commandant Faurax dirige le 3e groupe, comprenant les 2e et 3e compagnies.
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Dès le 17 août, après une démonstration de présence vers Cotonou, les premiers éléments de la colonne Dodds quittent Porto-Novo et emprunte la rive gauche de l’Ouémé. Les deux canonnières Opale et Corail remontent le fleuve avec mission d’appui feu et de ravitaillement.
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Le 26 août, le débarquement s’est opéré sans problème. Pendant dix jours, tout se passe bien. Les unités découvrent un pays couvert de forêts. C’est un fouillis inextricable de palmiers nains et de plantes aquatiques, coupé de rivières et de lagunes. Là où la forêt et les marécages ne règnent pas, pousse une herbe haute de deux mètres. Le climat est chaud et humide, les marais sont des foyers de fièvres.
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Le 30 août, la colonne française pénètre dans le territoire du Dahomey, par la seule voie permise par la nature, l’Ouémé, fleuve navigable qui traverse le Dahomey du nord au sud.
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L’armée de Béhanzin est là, forte de 12 000 hommes et 2 000 femmes ; elle couvre la route de la capitale, objectif de la colonne. Les Dahoméens sont animés d’un courage fanatique. Conseillers par des instructeurs et aventuriers européens, ils disposent d’armes perfectionnées à tir rapide et de quelques canons-révolvers, la mitrailleuse de l’époque. Les Amazones, femmes-guerriers, forment l’élite de l’armée qu’elles entraînent au combat en montrant l’exemple de courage, mais aussi de cruauté sauvage : elles ne font pas de quartier. L’expédition s’annonce périlleuse.
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Des engagements sporadiques, les mesures de sécurité pour déjouer les surprises, échapper aux tireurs grimpés dans les palmiers ou dissimulés dans les forêts, avec les cadres pour cibles, les obstacles naturels ralentissent la progression. Chaque soir, le bivouac s’installe au carré. Au préalable, il est nécessaire de dégager les abords afin d’éviter les infiltrations.
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Les légionnaires peinent car le pays est malsain.
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Le 11 septembre, Faurax atteint l’Ouémé et opère sa jonction avec la première colonne.
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Le 18 septembre, en fin de journée, le colonel Dodds ordonne la halte à hauteur du village de Dogba, sur un mouvement de terrain en forme de fer à repasser surplombant l’Ouémé, pour y installer le bivouac. Comme d’habitude, les approches immédiates sont dégagées afin d’améliorer les vues.
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Le 19 septembre, un petit poste d’infanterie de marine, installé en avant-garde, distinguent des ombres noires et donnent l’alerte.