La seconde guerre mondiale, l'occupation et les destructions.
Après la défaite de juin 1940 et ll'application des conditions de l'armistice, Saint-Nazaire se retrouve dans la zone côtière interdite, large de cinquante kilomètres, tout au long de la façade maritime française. Les habitants qui ne peuvent justifier d'une occupation permanente d'un logement avant le 1er septembre 1939 sont interdits d'accès. Ainsi les stations balnéaires deviennent rapidement des villes fantômes, avant de recevoir de nouveaux occupants: La Baule est un lieu de villégiature apprécié pour les allemands et un lieu de repli pour les administrations françaises de la ville de Saint-Nazaire, détruite progressivement par les bombardements alliées.Hôtels, pensions de famille, établissements privés ou publics, simples villas de particuliers, tout est réquisitionné. De grands abris de protection aérienne, d'un modèle unique à la festung sont édifiés tardivement. Ils sont en voie d'achèvement car le système de ventilation est en cours d'installation.
Le port, qui n'est pas militaire, le devient avec la construction d'un imposant abri pour sous-marins à partir de février 1941. Le projet prévoit sur l'emplacement de l'ancien bassin de retournement des paquebots transatlantiques, l'édification d'un ouvrage comprenant au départ quatre alvéoles doubles et trois simples asséchables. Ces dernières seront inaugurées à la fin du mois de juin 1941 par l'amiral Doënitz et le Dr Todt en personne. Il y aura quatorze alvéoles au final à peine deux ans plus tard après deux extensions, l'une au Nord et la seconde au Sud. Plusieurs dizaines de bunkers sont construits autour des bassins du port, des centaines le long des côtes mais aussi à l'intérieur des terres. Une ligne de défenses disposée en arc de cercle autour de la ville assure la protection terrestre. mais l'ennemie vient surtout du ciel. Pour cela la Kriegsmarine, en charge de la défense de ses installations, va déployer un ensemble impressionnant de 18 batteries lourdes anti-aériennes équipées de canons de 10.5 cm ou 12.8 cm. L'efficacité des artilleurs de la Kriegsmarine fait surnommer Saint-Nazaire "Flak city" par les aviateurs américains. Avec des bombardements toujours plus intenses, plus de cinquante raids sur la ville,tout est désormais "mis sous béton": Centrale électrique, réservoirs à carburant, stockage des munitions, des torpilles, abri pour personnel...
Une écluse protégée est construite à partir de l'été 1942 et son achèvement date de la fin de l'année 1943 pour le gros-oeuvre . Elle a pour but d'assurer la protections des U-Boot lors de la délicate opération d'éclusage. Les travaux continuent aussi sur la base où une troisième dalle de béton est coulée sur une grande partie du toit. En complément, une superstructure dite "Fangrost" est mis en place sur un tiers de l'ouvrage. Son but est de piéger les bombes alliées, toujours plus puissantes, et les faire exploser en surface, sans danger pour la dalle de toit. A l'extrémité Sud, une extension est en cours de ferraillage. Sans doute un casernement identique à celui édifié au Nord. A l'intérieur du bassin de Saint-Nazaire, au niveau de l'écluse Sud, un autre abri est en cours de construction. Les murs sont achevés comme en témoigne les photos prises en 1945.Il s'agit de protéger les portes de l'écluse Sud.
Ce n'est que le 11 mai 1945 que les troupes allemandes signent la reddition de la poche de Saint-Nazaire après d'âpres discutions sur l'avenir des prisonniers d'un côté (les allemands ne veulent pas se rendre directement aux français) et l'exigense française qu'aucunes destructions ne sera effectuées dans le port (les quais, les grues, les écluses et même la base sont minés), dernier territoire encore occupé alors en France. Le port et ses installations sont rendus intactes, c'était aussi l'une des conditions des accords de la reddition. Rapidement de nombreux blocs sont détruits comme le très important bunker-infirmerie-PC au Nord de la base ou l'abri construit sur le quai Ouest de la forme Joubert et destiné à protéger les pompes et les futures portes-caisson (ce qui montre que les allemands envisageaient bien de remettre en service la grande cale !) Les nombreux LS et ouvrages de défense érigés sur les quais auront disparu en 1946. Le quartier du petit maroc, complètement ruiné, sera reconstruit après la démolition d'une dizaine d'ouvrages qui occupaient les lieux. Aucun vestiges retrouvés à ce jour.
La construction du U-Bunker commence en Mars 1941 sur le côté Ouest du bassin du port (Ancien bassin d'évitage de la Compagnie Générale Transatlantique).
- 1ère partie de Mars à Juin 1941 (Niveau alvéoles 6-7-8).
- 2ème partie de Juillet 1941 à Janvier 1942 (Niveau alvéoles 9 à 14).
- 3ème partie de Février à Juin 1942 (Niveau alvéoles 1 à 5).
- 4ème partie de Juin à Décembre 1943 (Tour annexe).
Principales données sur l'U-Bunker :
- Dimensions 291 x 124 x 18 mètres
ou 299 x 124 x 18 mètres
ou 295 x 130 x 18 mètres
ou 301 x 120 x 18 mètres suivant différentes sources.
- 14 alvéoles. 1 à 14 du Nord au Sud.
-alvéoles 1 à 8 : Bassins de radoub pour un U-Boot : 92 x 11 mètres.
-alvéoles 9 à 14 : Bassins à flot pour deux U-Boote chacun : 62 x 17 mètres.
- Inter-Box entre alvéoles 12 et 13.
- Inter-Box entre alvéoles 5 et 6.
Ces Inter-Box permettent d'accéder aux étages supérieurs.
- Toiture : Structure "Fangrost" (1/3 seulement du toit).(Détails)
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Lorsque la bombe tombe sur la poutre , cette dernière se brise sous le choc et absorbe une partie de la puissance.
Le souffle est canalisé dans la chambre d’éclatement et l’effet destructeur est minimisé au maximum.
Grace à ce système aucune bombe n’a pu percer le toit de la Base Sous-Marine de Saint-Nazaire. |
- La construction est confiée à l'Organisation TODT (Oberbauleitung Süd) -Ingénieur PROBST.
- Main d'œuvre : 1502 travailleurs + 3166 requis.
- 480000 m³ de béton coulé.
- Surface au sol : 39000 m².
- Plan de l'U-Bunker.
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- Défense :
- Un quadruple canon de 2 cm Flak au dessus de l'alvéole 8.
- Un canon de 2cm Flak à l'arrière de l'U-Bunker.
- Un canon de 2 cm Flak sur la tour annexe.
- 2 bunkers pour mortiers sont également sur le toit de l'U-Bunker ( 1 mortier de 5 cm M 19 sur l'arrière du toit et 1 mortier de 12 cm entre le M 19 et la cuve de Flak au dessus de la tour).
- 2 casemates pour défense terrestre à chaque extrémité de la tour annexe ( 1 canon de 4,7 cm Pak 36 Skoda et 2 mitrailleuses lourdes côté arrière de la base; 3 mitrailleuses lourdes côté bassin).
- Des ballons captifs de la Luftwaffe sont mis en place pour protéger l'U-Bunker des attaques aériennes à basse altitude.
- 2 écluses, dont l'une bétonnée, permettent le passage des U-Boote entre le bassin à flot et l'extérieur.
-Raids aériens :
- 09 Novembre 1942 à 14h00 : 7 B-24 Liberator du 93ème B.G. (*), 13 B-17 du 91ème B.G., 5 B-24 du 44ème B.G.
- 09 Novembre 1942, deuxième vague des B-17 du 306ème B.G. (3 B-17 perdus (n° 4124491, n°4124486 "Man O'War", n° 4124509 "Miss Swoose") + 2 endommagés).
- 14 Novembre 1942 : 8e U.S. Air Force 15 B-17 + 9 B-24 ( 30 bombes de gros calibre + 108 de moyen calibre).
- 17 Novembre 1942 : 35 quadrimoteurs du 306 B.G. et 96 B.G.
- 18 Novembre 1942 : 19 B-17 du 303 B.G..
- 23 Novembre 1942 : 36 B-17 du 305 B.G. et 91 et 306 B.G. : 4 B-17 perdus ("Pandora Box" du 91 B.G., n° 4124479 "Soud Sack" du 91 B.G., "Lady Fairweather du 303 B.G.+ un du 306 B.G.)
- 03 Janvier 1943 : 60 B-17, 8 B-24 entre 11h30 et 11h40, 171 tonnes de bombes: 7 B-17 perdus (n° 414526 "Leapin Liz" du 358 E.S., n° 4124517 GNO "Kali" du 427 E.S., n° 4124608 BN-S "Yehudi" du 959 E.S., n° 4124620 "Snap" Crackle ! Pop !" du 303 B.G. + 44 B-17 + 3 B-24 endommagés (n° 425084 "Panhandle Dogie" OR-L du 91 B.G., n° 4124501 du 368e BS, n° 412 4470 "Sons of Fury" du 369e du 306 B.G.)
- Nuit du 28 Février au 01 Mars 1943 : 152 Lancaster, 119 Wellington, 100 Halifax, 62 Stirling, 4 Mosquito Pathfinders : 2 Lancaster, 2 Wellington et 1 Stirling abattus (Lancaster III ED 467 EA-E Sqd 49, Lancaster IR 5913 OL-G Sqd 83, Wellington III BK 343 ZL-V Sqd 427, Wellington III X 3653 ZL-T Sqd 427, Stirling I R 9349 WP-U Sqd 90)
- Nuit du 22 au 23 Mars 1943 : 189 Lancaster, 99 Halifax, 63 Stirling, 7 Mosquito Pathfinders. Seul 283 appareils bombardent Saint-Nazaire.
- Nuit du 28 au 29 Mars 1943 : 323 appareils : Lancaster I ED 754 OF-A Sqd 97 et Halifax II BB-283 VR-O Sqd 419 abattus.
- Nuit de 02 au 03 Avril 1943 : 55 appareils : Lancaster IW 4257 DX Sqd 57 abattu.
- 29 Mai 1943 : 170 bombardiers américains
- 28 Juin 1943 50ème et dernier raid.