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Missile Air Air 2024 Allemagne Italie Suède Espagne Canada Norvège Grèce Batterie IRIS Maquette Eurosatory 2024



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IRIS est l 'acronyme de Infra Red Imaging System Tail/Thrust Vector-Controlled

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Et encore, c’est sans parler des deux éléphants dans la salle. D’une part, l’impossibilité politique de trouver un processus décisionnel respectueux de la maîtrise nationale dans un domaine où la décision en quelques secondes de lancer un intercepteur, ou pas, pourrait entraîner des conséquences stratégiques incalculables. De l’autre, l’impossibilité technique d’une couverture totale et entièrement fiable. Peu importe, dans le contexte de la guerre en Ukraine, les pays se bousculent pour faire la démonstration de leur « sérieux » en matière de défense aérienne. Comme à l’accoutumée, l’urgence de la crise les pousse à acheter sur étagère et à tenter de s’assurer la protection de l’OTAN/des États-Unis. En janvier 2024, l’Agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA) a passé une commande de 5,5 milliards d’euros au nom de l’Allemagne, des Pays-­Bas, de la Roumanie et de l’Espagne à COMLOG, l’entreprise commune de MBDA Deutschland et de RTX (ex-Raytheon). Le contrat porte sur l’achat de 1 000 missiles Patriot GEM?T (Guided Enhanced Missile – Tactical) destinés à être produits en Bavière dans le cadre de l’ESSI.

La production sur le sol européen n’enlève pas grand-­chose aux vulnérabilités inhérentes à un système d’origine étrangère, et l’Allemagne est bien placée pour le savoir. Avec MEADS (Medium Extended Air Defense System) et TLVS (Taktisches Luftverteidigungssystem), Berlin a déjà fait l’expérience d’être à la merci des décisions unilatérales d’un tiers en ce qui concerne le calendrier, le prix, voire l’accès aux informations critiques. En effet, le ministère de la Défense allemand s’était plaint de n’avoir qu’un accès « très restreint » au modèle de simulation PAC?3 MSE : uniquement sur le sol américain, effectué par du personnel américain, et avec un modèle de menace qui doit être approuvé au préalable par le gouvernement américain. Dans le cas de l’ESSI, les négociations sur l’achat d’Arrow?3 ont servi de piqûre de rappel : développé par Israel Aerospace Industries avec l’aide de Boeing, l’Arrow?3 tombe sous la coupe du gouvernement des États-­Unis. Celui-ci a pris son temps avant de donner son feu vert à ce contrat d’environ 4 milliards d’euros et, finalement, 50 % de la production se fera outre-Atlantique.

Qui plus est, Berlin regarde l’IBCS (Integrated Battle Command System) de l’américain Northrop avec intérêt pour assurer le commandement et contrôle de l’ensemble de l’édifice. D’après le directeur de programme de l’entreprise, son logiciel pourra être « la colle américaine dans ce qui est appelé à devenir la contribution européenne au bouclier antimissile de l’Alliance atlantique ». Car la principale fonction de l’ESSI est de nature politique : donner corps au pilier européen de l’OTAN, peu soucieux d’autonomie en matière d’armement et sous leadership allemand.

HYDEF/HYDIS et l’Union européenne, ou l’égalitarisme industriel

Le président français a beau jeu de dresser le réquisitoire de l’initiative allemande dans son discours lors de la Conférence sur la défense aérienne de l’Europe en marge du salon de Bourget. Pour Emmanuel Macron, « la question est d’abord stratégique […] parce que si on a une approche uniquement et d’abord par le capacitaire, on achète tout de suite et massivement ce qui est en rayon, même si c’est inutile, et c’est généralement acheter massivement non européen. […] Ce que montre l’Ukraine, c’est que nous ne pouvons donner avec certitude à Kiev que ce que nous avons et que ce que nous produisons. Et ce qui nous vient de tiers non européens est moins maniable, d’évidence : sujet au calendrier, aux files d’attente, aux priorités, parfois aux autorisations de pays tiers. En dépendant trop de l’extérieur, on se prépare les problèmes de demain ». Certes, mais l’idée, pourtant très attendue, d’une contre-­initiative française a fait pschitt, faute d’appétit de la part des partenaires.

Le commissaire européen Thierry Breton s’est attaqué, entre les lignes lui aussi, à l’ESSI, en faisant miroiter une hypothétique alternative. À la Conférence européenne de défense et de sécurité de 2023, il a attiré l’attention sur les projets d’intercepteurs hypersoniques soutenus par l’Union : « Autant de briques qui pourraient constituer, le moment venu, les bases d’un véritable bouclier européen de défense aérienne et antimissile – un Eurodôme. » De quoi parlait?il ? Le programme TWISTER (Timely Warning and Interception with Space-­based Theatre Surveillance) fut lancé fin 2019 dans le cadre intergouvernemental de la coopération structurée permanente (PESCO), mené par la France et MBDA et rassemblant l’Italie, la Finlande, les Pays-Bas, le Portugal, et plus tard l’Allemagne. Dans son prolongement, deux projets ont été annoncés, sous l’égide du FED (Fonds européen de défense) géré par la Commission : ODIN’S EYE pour la partie alerte avancée spatiale, coordonnée par l’allemand OHB, et HYDEF (Hypersonic Defence Interceptor) pour la partie cinétique, l’intercepteur endoatmosphérique.

L’octroi de ce dernier contrat au consortium mené par l’espagnol SENER Aerospacial, un novice dans le domaine, au détriment de HYDIS (Hypersonic Defence Interceptor Study) proposé par MBDA a créé la surprise, voire la stupeur. Au point que la Commission a fini par accorder un second contrat de soutien financier, cette fois-ci à MBDA et son projet baptisé HYDIS2. Du côté de HYDEF/SENER, même avec l’allemand Diehl à la manette pour les aspects techniques, les lacunes sont telles qu’il est question de recourir à une aide extérieure, notamment celle d’Israël. Dans l’esprit de la Commission, les deux programmes ont sans doute vocation à fusionner à terme – la question est de savoir si d’ici là il y aura un apport externe et, surtout, si l’Allemagne réussira à faire un hold-up sur le projet.

En matière de défense aérienne et antimissile européenne, Berlin apparaît comme une araignée qui tisse sa toile… et Paris comme le dindon de la farce. L’Allemagne est omniprésente dans toutes les initiatives : elle a annoncé l’ESSI un mois après avoir obtenu le contrat EU HYDEF, elle héberge aussi le centre de commandement de la DAMB (défense antimissile balistique) de l’OTAN à la base aérienne de Ramstein. Diehl Defence est de toute évidence le véritable leader du consortium porté par SENER, tandis que Berlin est également partie prenante du programme concurrent HYDIS2. Les propos de l’inspecteur général de la Bundeswehr, Eberhard Zorn, à l’occasion du débat sur la Stratégie de sécurité nationale en septembre 2022 laissent songeur : il disait vouloir « des engins qui volent, qui roulent et qui sont disponibles sur le marché » plutôt que « d’expérimenter avec des solutions de développement dans l’UE, qui ne marchent pas après ». Ce qui pose la question des véritables intentions de Berlin.

L’Allemagne participerait-elle aux initiatives européennes uniquement pour les torpiller de l’intérieur, obtenir des transferts de technologies et/ou affaiblir les positions de Paris ? En effet, toutes les énergies et ressources investies dans des solutions « européennes » qui risquent d’être sabordées ou ouvertes aux quatre vents, voire de renforcer des concurrents, constituent autant de pertes pour la France. À la fois en termes de budget et en termes de compétences. Pour certains, cela fait partie du plan. L’éphémère ministre des Armées Sylvie Goulard en témoigne : « Si nous voulons faire l’Europe de la défense, il va y avoir des choix qui pourraient passer dans un premier temps pour aboutir à privilégier des consortiums dans lesquels les Français ne sont pas toujours leaders. (3