La Type 32 attire immédiatement l’œil grâce à sa carrosserie en forme d’aile, inspirée de celle des avions. La raison de cette forme hors du commun : Ettore Bugatti était convaincu à l’époque que l’aérodynamique de pointe jouerait un rôle crucial dans l’amélioration des performances des voitures de course. Bien qu’elle soit fortement inspirée de la Type 30, de par son moteur huit cylindres de 2 litres produisant environ 90 PS, sa configuration unique, son empattement court et sa voie étroite la distinguent des autres véhicules qui attendent ce jour-là sur la ligne de départ. Elle suscite tout de suite un vif émoi parmi les passionnés.
Elle a bénéficié de nombreuses solutions d’ingénierie, ainsi que des techniques et une conception innovantes. Dotée d’un châssis suspendu et de freins hydrauliques à l’avant, sa boîte de vitesses à trois rapports avec marche arrière ajoute encore au sentiment d’aventure qui s’en dégage. Il n’est pas surprenant qu’un véhicule aussi peu conventionnel, à l’apparence dramatique, ait attiré tous les regards lors de la course. Alors que les autres voitures de course suivaient des méthodes de conception largement éprouvées en 1923 et des normes esthétiques immédiatement reconnaissables, très caractéristiques de l’époque, la Type 32 se distinguait.
Au total, cinq exemplaires de la Type 32 ont été fabriqués, un prototype et les quatre véhicules ayant participé au Grand Prix. Cette épreuve, éreintante, consistait à réaliser 35 tours d’un circuit de 22,83 km en empruntant des routes publiques, sur une distance totale de près de 800 km. Parmi ces quatre voitures, la plus réussie et celle qui s’est démarquée le plus était conduite par le français Ernest Friderich, qui, avec un temps de sept heures et 22,4 secondes et une vitesse moyenne légèrement supérieure à 112 km/h, a terminé à la troisième place. Un résultat honorable pour la Type 32, mais ce Grand Prix de Tours marquera finalement sa seule et unique apparition, car Bugatti se concentrera ensuite sur le développement de la légendaire Type 35. Cette voiture de course emblématique intégrera de nombreuses idées très novatrices, notamment l’introduction de jantes en alliage, et connaîtra un succès phénoménal, remportant le championnat du monde de Grand Prix en 1926.
Malgré sa courte carrière en Grand Prix, la Type 32 s’est révélée être un bel apprentissage pour Bugatti, qui a su en tirer des leçons pour construire des véhicules encore plus aboutis. La conviction d’Ettore Bugatti que l’optimisation aérodynamique du véhicule pouvait jouer un rôle central et décisif sur ses performances a été confirmée une nouvelle fois avec une autre voiture de course, également surnommée « Tank » en raison de sa carrosserie aérodynamique et à la silhouette ramassée, la Type 57 G. Ce véhicule a dominé les courses d’endurance pendant ses heures de gloire dans les années 1930, remportant une victoire au Grand Prix de France en 1936 et une aux 24 Heures du Mans en 1937, et prouvant ainsi que la vision d’Ettore Bugatti, mise en œuvre pour la première fois avec la Type 32 Tank en 1923, s’était avérée juste.
Aujourd’hui encore, de nombreux passionnés de sport automobile reconnaissent instantanément la Type 32, création emblématique et innovante de la marque Bugatti. Ce chef-d’œuvre est aujourd’hui exposé au Musée National de l’Automobile à Mulhouse, en Alsace et il est également possible de voir le véhicule rouler lors de certaines courses historiques.