Stèle Mercure Paris Carnavalet
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Mercure, dieu du commerce et des voyageurs était le dieu le plus réprésenté en Gaule, comme l'avait noté César, dès le début du Ier siècle av. J.-C. Il a aussi bénéficié de la vénération particulière que lui portait Auguste. Ce type de représentation de Mercure se rapproche plus d'une iconographie gréco-romaine que gauloise.
Cette statue decouverte en 1867 mesure 165 cm de haut pour une largeur de 63 cm et une profondeur de 18 cm
Elle represente un Mercure de face, nu et coiffé du pétase, portant des talonnières, tient un caducée dans la main gauche et une bourse dans la main droite.
Dans la religion gauloise, le Mercure indigène était une des divinités les plus honorées. Ce dieu patronnait notamment le commerce, une fonction qui est à mettre en relation avec ses dédicaces aux abords des routes et sur des lieux en hauteur.
Dans la religion des Celtes préchrétiens, l'un des dieux les plus importants était Lug(us). Nous le connaissons en Irlande sous le nom de Lug, au Pays de Galles sous le nom de Lleu et dans l'Antiquité celto-romaine sous le nom de Lugus, mais surtout sous l'interpretatio romana de Mercure. César nous informe qu'il est le dieu que les Gaulois honorent le plus, des propos confirmés par les très nombreuses dédicaces et monuments figurés en son honneur; en 1989, l'historien J.J. Hatt recensait 283 dédicaces.
Mercure a des fonctions très variées dans la religion gallo-romaine. Parmi celles-ci, la protection des voyageurs et du commerce sont particulièrement intéressantes. Le fait que nombre des dédicaces qui lui étaient consacrées se situaient sur des hauteurs est également significatif. Dans la guerre des Gaules, César nous dit clairement que Mercure "est pour eux [les Gaulois] le dieu qui indique la route à suivre, qui guide le voyageur, il est celui qui est le plus capable de faire gagner de l'argent et de protéger le commmerce".
Les routes
De nombreuses épiclèses[1] évoquant ces fonctions ont été découvertes aux abords de nombreuses routes empruntées à l'époque gallo-romaine; plusieurs indices archéologiques attestent également de l'association entre le Mercure gaulois et les routes. Des dédicaces et des ruines de sanctuaires qui lui sont dédiées se situent aux abords des routes ou dans leurs parages. Dans l'Antiquité gallo-romaine, une divinité figurée sur une colonne pouvait signifier son contrôle sur les passages; or, en Bretagne, les dévots de Mercure ont érigé en son honneur une colonne de bois. Il existe également un bronze provenant de Bordeaux qui représente un Mercure doté de quatre visages, ce qui lui permettait sans doute de pouvoir regarder les quatre points cardinaux en même temps; il faisait sans doute office de dieu des carefours. Au sanctuaire de Lux (Côte-d'Or), les dédicaces à Mercure sont ornés d'une charrette, un objet qui fait sans doute allusion à la route qu'il protège.
Mercure était souvent représenté ou honoré dans des lieux situés à proximité d'une route. Dans l'ancienne cité des Lingons se dresse le plateau de Chateroy, situé à 16 kilomètre au nord-est de Langres (Haute-Marne). Il dominait la voie de Trèves, commandait le bassin de la Meuse vers Montigny et celui du Rhône vers Poiseul-Andilly; de là, on découvrait également le chef-lieu de la cité dans son ensemble. Sur ce plateau de Chanteroy, se trouvait un lieu de culte important consacré à Mercure. D'après le baron Héron de Villefosse (1774-1852), le Mercure découvert en ce lieu - précisément à Dampierre - était une seconde copie du Mercure arverne exécuté par Zénodore[2]. À Velay, où se croisaient au moins quatre voies romaines, on a
retrouvé deux représentations de Mercure. La première est la stèle d'un homme sans tête, mais la présence d'un caducée, d'un bélier, d'un coq et d'une éventuelle tortue ne laisse guère de doutes sur l'identité du dieu. La seconde est une statuette en bronze, d'inspiration indigène, où l'on voit le dieu tenant de la main droite une bourse, tandis que la tête et les épaules étaient couvertes du capuchon gaulois.
Dans la cité de Vienne, l'essentiel des inscriptions et des représentations de Mercure se situe le long des grandes voies de communications. Par exemple, une dédicace a été découverte à Tamié, où passait peut-être la route de Vienne à Genève par Boutae, près d'Annecy (Haute-Savoie). Une autre a été trouvé à Saint-Félix (Haute-Savoie) où passait le chemin qui reliait les deux route de Boutae à Gusy et de Condate (aujourd'hui commune de Seyssel, Haute-Savoie) à Albens (Savoie). Une troisième dédicace a été découverte au niveau de Bourget-du-Lac (Savoie), où la route traversait des lieux marécageux entre le pied de la montagne du Chat et le bord du lac du Bourget.
Le Mercure Viator était honoré sur le célèbre Donon[3] (Bas-Rhin), qui devait sa réputation à la présence du sanctuaire antique consacré à ce dieu. Au col entre les deux Donons - nom qui désigne le Donon principal, qui culmine à 1 009 m, et le petit Donon haut de 964 m - on a découvert une stèle qui portait une inscription commémorative. Elle rappelait qu'un personnage nommé L. Vatinius Felix avait fait mettre en place toutes les bornes militaires le long de route de Sarrebourg au Donon et les avait consacrées à Mercure.
À Beauvais, une stèle de Mercure a été trouvée entre deux anciennes voies romaines, l'une qui allait à Bavai, l'autre qui, par Clermont, se dirigeait vers Reims. Non loin de cette stèle, une voie vraisemblablement romaine, appelée aujourd'hui chaussée de Bulles, prenait aussi son départ. L'endroit semblait idéal pour y faire ses dévotions en l'honneur du dieu des Voyageurs et des Marchands.
Le commerce
Dans l'extrait de la Guerre des Gaules cité plus haut, César attribuait au Mercure gaulois la protection du commerce. Mais il est possible qu'il s'agisse d'un développement secondaire de sa fonction initiale de patronner les routes. En effet, lorsque les infrastructures routières s'améliorent, la communication entre les hommes progresse, en particulier les échanges commerciaux. Cette fonction de Mercure est parfaitement mise par la présence d'une bourse sur certaines représentation plastique du dieu ainsi que par plusieurs épiclèses : Mercalis (marchand, marchandise...), Negociator, Propitius (propice - aux affaires -) sur un poids étalon découvert à Lucey, Felix (porte-bonheur) et Nundinator (dieu des marchés) sur un médaillon d'applique à Vienne. Un marchand de poterie du pays rhénan a également fait inscrire le nom de Mercure sur un ex-voto. Le lien entre Mercure et le commerce se confirme par un autre élément : César qualifie ce dieu d'omnium inuentor artium, "inventeur de tous les arts". Autrement dit, les arts qu'il patronne sont autant de domaines liés à l'économie. Mercure était donc certainement honoré par les forgerons, les bronziers ou encore les cordonniers qui souhaitaient la réussite financière.
La fonction de protecteur des routes peut aussi s'expliquer du point de vue de l'aménagement du territoire. La présence des routes favorise l'organisation d'une société, l'appropriation du territoire par l'homme, ainsi que la communication entre eux. Le Mercure gallo-romain était sans doute un dieu qui était invoqué pour l'organisation de la société humaine.
[1] Dans l'Antiquité, l'épiclèse était une épithète accolée au nom d'un dieu dans le but de préciser l'aspect sous lequel il était révéré : Athena Hygieia (protectrice de la santé), Dionysos Sukitês (protecteur des figuiers), Zeus Sôter (sauveur) etc. Les épiclèses étaient nombreuses. On en connaît par exemple une centaine pour Apollon. Source
[2] Selon Pline l'Ancien, Zénodore fut chargé par les Arvernes de fondre une statue colossale de Mercure, qui exigea dix ans de travail et rapporta 4 millions de sesterces à son auteur.
[3] Le Donon est le plus septentrional des sommets du massif des Vosges.
Source : Histoire Antique N° 39
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