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1750 Duel Paris Invalides



1750 Duel  Paris Invalides
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NB Depuis le 6 février 1626 les duels sont interdits en France par un édit signé par Louis XIII afin de mettre un terme à cette hécatombe que provoquait le duel à l’épée dans les rangs de la noblesse française depuis le XVIe siècle,
Aussi sur les conseils avisés de son Principal-Ministre le Cardinal de Richelieu, Louis XIII promulgue l’Édit Royal interdisant à sa noblesse de se bretter pour régler ses comptes internes.

Duel La Maupin Vs Luynes

 

À côté de ces grands duels qui ont marqué l’histoire, un simple portrait attire le regard : celui d’une femme coiffée d’un chapeau à plume. En dessous, on peut lire : "Magdeleine de Maupin". Diantre ! Une femme dans un duel ? On aurait pu croire que les duels en jupons n’existaient pas (en France, les femmes ne pouvaient lutter et devaient se faire représenter par des "procureurs" ou "champions" qui avaient le poing coupé en cas de défaite...).
Si les duels féminins étaient rares -et ne sont pas restés dans la mémoire collective-, il est pourtant arrivé que des femmes se battent en duel, notamment sous l’Ancien Régime. Les raisons de ces combats effectués dans les règles de l’art ? Souvent des rivalités amoureuses. La marquise de Nesle, par exemple, affronta, en 1718, la comtesse de Polignac au pistolet car toutes deux étaient amoureuses du duc de Richelieu.
Mademoiselle de Maupin, elle, défiait les hommes… Et l’emportait à chaque fois. Mais qui était cette jeune femme, une des plus fines et turbulentes lames de son époque ?
Elle est née Julie d’Aubigny, probablement en 1670, fille unique de Gaston d’Aubigny, secrétaire du comte d’Armagnac, lequel était en charge de l’éducation des jeunes pages du roi Louis XIV. Gaston d’Aubigny éleva d’ailleurs sa fille comme un page : danse, dessin, orthographe, grammaire, littérature, et bien sûr rapière et fleuret : autrement dit l’épée. On lui "offrit" aussi un mari : le Sieur de Maupin, à Saint-Germain-en-Laye. Sa vie était toute tracée.
Sauf que… En fréquentant les salles d’armes, la jeune Julie de Maupin entama une liaison avec un maître d’armes, un certain Sérannes, brigand traqué par le premier lieutenant de police de Paris : Gabriel-Nicolas de la Reynie. Follement amoureuse de Sérannes, elle s’enfuit avec lui à Marseille. Son nom d’artiste devint Mademoiselle de Maupin, et elle décida de monter, avec son amant, des spectacles de duels et de chants. Pour ses numéros, elle s’habillait en homme, puis se forma à l’Académie de Musique de Pierre Gaultier, un proche du célèbre compositeur Lully. L'histoire rocambolesque de la Maupin ne fait que commencer.
Une succession de duels victorieux
Lassée de Sérannes, elle eut une relation amoureuse avec une femme qui se vit placer, de force, par sa famille, dans un couvent en Avignon. Pas de quoi effrayer la Maupin qui s’introduisit dans l’établissement et y mit le feu pour libérer son amante. Avant de finalement l’abandonner à son triste sort, trois mois plus tard. Car la Maupin voulait croquer la vie à pleines dents. Sous le coup d’une condamnation par le tribunal d’Aix-en-Provence, elle remonta sur Paris, mais, sur le chemin, au sud de Tours, la jeune femme provoqua en duel trois écuyers qui lui manquèrent de respect. Elle l’emporta haut la main. Se sentant humilié, le maître de ces trois écuyers la provoqua à son tour en duel. Erreur.
Cloué à l’épaule par la lame de la Maupin, le jeune homme git à terre tandis que la jeune femme tourna les talons. Le lendemain, prise de remords, elle rendit visite au médecin local, et demanda des nouvelles de la santé de son adversaire. Elle s'enquerra de son identité et en fut stupéfaite. Il s’agissait de Louis-Joseph d'Albert de Luynes, fils du célèbre duc de Luynes et d'Anne de Rohan-Montbazon ! Elle partit alors à la recherche des écuyers de Luynes, lesquels organisèrent une "rencontre" entre la combattante et le fils du duc de Luynes. Ainsi commença une liaison passionnée. Mais Luynes reçut vite l'ordre du roi de rejoindre son régiment. Lui et la Maupin se séparèrent, et se jurèrent un amour éternel. En réalité, ils ne se revirent jamais, et tous deux eurent bien des amants tout au long des années suivantes…
Une fois à Paris, la Maupin intégra, à 20 ans, l’Académie Royale de Musique (futur Opéra de Paris). En coulisses, elle eut une liaison avec deux chanteuses soprano, Marthe Le Rochois puis Fanchon Moreau. Ce n’est pas tout. Elle provoqua en duel le ténor Louis Dumesnil, qui manquait de respect à toutes les chanteuses de l’opéra. Rossé sur la Place des Victoires par une Maupin déguisée en homme, le chanteur affirma, à l’opéra, que trois voleurs l’avaient agressé. Et la Maupin de s’écrier :
Vous êtes un menteur et un vil poltron ! C’est seule que je vous ai défait.. Comme preuve, je vous rends votre montre et votre tabatière.
Stupéfaction. Quelque temps après, dans un bal donné au Louvre par Monsieur, le frère du roi, une querelle l’opposa à trois cavaliers accompagnant une jeune femme à qui elle faisait des avances. Jalouse, elle les provoqua en duel et les blessa grièvement tous les trois. Le duel de trop ? Arrêtée, elle demanda grâce à Louis XIV qui finit par lui accorder en déclarant que "la défense du duel n'était faite que pour les hommes"...
Un ouvrage pour lui rendre hommage
Le destin de la Maupin est digne d’une aventure de cape et d’épée. D’ailleurs, l’écrivain Théophile Gautier en fit un roman : Mademoiselle de Maupin (1835). Dans l’ouvrage, elle se nomme Magdeleine de Maupin, nom que l’on retrouve dans le portrait de l’exposition Duels. L’art du combat. Les cinéphiles, eux se souviendront peut-être du téléfilm Julie, Chevalier de Maupin (2004), avec la fille de Romy Schneider dans le rôle-titre : Sarah Biasini.
Comment s’est terminée la folle destinée de la Maupin ? Elle prit sa retraite de l’Opéra en 1705, et mourut deux ans plus tard dans un couvent, soit deux ans après le décès de sa dernière amante, la marquise de Florensac. En regardant une dernière fois son portrait exposé au Musée de l’Armée, il est difficile de se dire que derrière ce sourire (on disait d’elle qu’elle avait un formidable nez aquilin, une bouche exquise et des seins parfaits) se cache une vie aussi tranchante que sa fine lame