Statuaire Grèce Apollon Piombino Paris Louvre
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Depuis sa découverte en 1832 dans une épave au large de Piombino, cette statue d'Apollon n'a cessé de diviser les spécialistes. Ex-voto de bronze dédié à Athéna, elle affecte l'attitude conventionnelle des couroï d'époque archaïque, mais s'en distingue par la souplesse du modelé du dos et par le traitement sec, inorganique, de la chevelure. La mise au jour en 1977 à Pompéi d'une oeuvre comparable corrobore l'hypothèse d'un pastiche archaïsant, élaboré au Ier siècle avant J.-C. pour une clientèle.
Découverte en 1832 dans une épave, au large des côtes toscanes, près de Piombino, cette statue d'Apollon est un des rares originaux de bronze de la statuaire grecque parvenus jusqu'à nous.
Dès la fin du VIe siècle avant J.-C., les artistes ont privilégié ce matériau en raison de sa souplesse, qui permettait de traduire les recherches de mouvement si difficiles à rendre dans le marbre ou la pierre. Les bronzes antiques ont pourtant presque intégralement disparus, victimes de leur refonte pour récupérer le précieux alliage. Cette oeuvre, réalisée selon la technique de la fonte à la cire perdue, conserve des incrustations de cuivre sur les sourcils, les lèvres et les pointes des seins ; les yeux étaient rapportés dans un autre matériau. Ex-voto dédié à la déesse Athéna (la dédicace sur le pied gauche est incrustée d'argent), Apollon tenait probablement des attributs aujourd'hui perdus : un arc dans la main gauche et une phiale dans la droite.
Un pastiche archaïsant
Par son attitude conventionnelle, très hiératique, les bras repliés et la jambe gauche avancée, la statue rappelle les nus masculins de la fin du VIe siècle avant J.-C. Certaines maladresses anatomiques sont d'ailleurs sensibles, dans la jonction des bras et des jambes au torse notamment. Toutefois, la souplesse du modelé du dos, le traitement sec et inorganique de la chevelure, la forme des lettres de l'inscription, ainsi que le principe inhabituel de la dédicace d'une effigie divine à une autre divinité interdisent de reconnaître dans l'Apollon de Piombino une création originale du VIe siècle. L'apparence et le traitement stylistique de l'œuvre indiquent qu'il s'agit d'un pastiche archaïsant, fortement empreint du souvenir des couroï d'époque archaïque.
Une oeuvre du Ier siècle avant J.-C.
La datation de l'Apollon a été âprement discutée. Une tablette en plomb, retrouvée à l'intérieur de la statue lors de sa restauration en 1842 et perdue depuis, portait vraisemblablement les noms mutilés des auteurs de l'Apollon, deux sculpteurs de Tyr et de Rhodes actifs au Ier siècle avant J.-C. Pourtant, en dépit de cet indice, certes contesté, l'œuvre a longtemps été considérée comme une création archaïsante de la seconde moitié du Ve siècle avant J.-C., issue d'un atelier d'Italie méridionale. Mais en 1977, une statue comparable, tant par ses dimensions que par son style, est mise au jour à Pompéi, dans la villa de C. Julius Polybius. Cette découverte confirme l'hypothèse, largement admise désormais, d'un pastiche créé à la fin de la période hellénistique pour une clientèle romaine alors avide de sculptures grecques, destinées pour la plupart à orner jardins et villas. Le recours aux styles rétrospectifs, si fréquent à cette époque, révèle l'engouement des collectionneurs romains pour l'art grec des siècles passés et la nécessité qu'avaient les artistes de pallier la pénurie d'originaux qui affectait cruellement le marché de l'art.
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