Grèce Cratère Attique Vase François Florence
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Face A:
les registres cycle d’Achille illustre le registre, l’un des personnages central de l’Iliade. De haut en bas (du col vers le pied) il y a:
La chasse au sanglier de Calydon, envoyé par Artémis pour ravager la région de Calydon. Dix-neuf chasseurs sont présents pour abattre l’animal ; Pélée se tient face au sanglier aux côtés de Méléagre, tandis que Castor et Pollux attaquent la bête par derrière ; Ancaios gît sous l’animal. La scène est délimitée de part et d’autre par des motifs floraux et deux sphinx. (rappelons que la chasse est une activité essentielle et initiatique dans les cités grecques : elle confirme le statut du citoyen).
Sur la seconde frise se déroulent les jeux funèbres en l’honneur de Patrocle organisés par Achille. Il s’agit d’une course de chars ; sous les jambes des chevaux se trouvent les prix réservés aux vainqueurs : un chaudron et un trépied.
À l’extrême gauche de la frise se tient Achille debout près d’un trépied, tenant un bâton à la main, en arbitre de la course. Le chant XXIII de l’Iliade est consacré à la description de ces jeux ; ici Clitias fait preuve de liberté d’interprétation. Le chant d’Homère n’est pas suivi dans ses détails : par exemple Ulysse simple spectateur dans l’Iliade, est impliqué dans la course sur le vase.
Le principal registre de la panse fait le tour complet du vase. Cette frise illustre le cortègedes noces de Thétis et Pélée. La prophétie disait que le fils de Thétis (fille des divinités marines Nérée et Doris) serait plus puissant que son père si elle s’unissait à un dieu. De ce fait, la main de Thétis est octroyée à Pélée, un simple mortel, qui l’obtint aidé par le centaure Chiron (qui éduquera plus tard leur fils Achille).
Sur le vase François, on entrevoit Thétis assise dans sa demeure de style dorique, pour accueillir le cortège des dieux qui vient la féliciter, avec Pélée. Ce dernier debout devant la demeure serre la main du centaure Chiron, son complice, au-dessus d’un autel domestique sur lequel nous apercevons un canthare. Iris, messagère des dieux, ouvre la marche avec Chiron. Derrière eux nous trouvons : Déméter, Hestia et Chariclo, côte à côte. Puis Dionysos, qui porte sur l’épaule une grande amphore. Il est suivi des trois Horai (les Saisons). Commence alors le cortège de sept chars, mené par des dieux tel que Zeus et Héra en premier, Poséidon et Amphitrite, Arès et Aphrodite, Athéna accompagnée d’une déesse sur un char et de Nérée et Doris, Hermès et Maia sa mère, puis Okéanos et Héphaistos sur son mulet, ces deux derniers fermant le cortège. Plusieurs divinités féminines secondaires assistent ce cortège : les Muses (divinités qui président à l’art), peut-être les Grâces (divinités de la grâce et de la beauté), et les Moires (déesses du destin).
Le dernier registre de la panse n’évoque aucune scène mythologique particulière, mais des éléments dans un style orientalisant. Nous observons deux sphinx de part et d’autre d’un motif floral. Le reste de la frise montre le combat d’animaux sauvages.
Les anses, également décorées et dont l’une des scènes clos le cycle d’Achille.
Chaque anse est divisée en trois panneaux illustrant trois scènes différentes. Le décor est identique des deux côtés à l’exception d’un seul détail résidant dans la scène intermédiaire : au centre de cette scène nous trouvons une Artémis chasseresse accompagnée d’un lion de chaque côté sur l’une des anses alors que, sur la seconde, les lions sont remplacés par un cerf et une panthère. Les deux autres scènes sont identiques sur les deux anses : le panneau situé vers l’intérieur de la vasque découvre deux gorgones ; sur le dernier panneau Achille, mort, est porté par Ajax. Le génie de Clitias s’illustre dans la manière dont il exhibe la beauté héroïque d’Achille : il est nu, cheveux défaits, dépourvu d’armes et serein.
Face B
L’autre face du vase est plus variée que la première, nous assistons aux exploits de Thésée sur les frises du col et au retour d’Héphaïstos dans l’Olympe sur l’un des registres dela panse. Sur la frise supérieure du col, figure un navire et son équipage. À droite, sept jeunes hommes et sept jeunes femmes en alternance se tiennent par la main en une longue farandole.Ce sont les jeunes Athéniens délivrés par Thésée du Minotaure, monstre mythique à tête de taureau et au corps d’homme. Le roi de Crète, Minos, lui offrait en guise de sacrifice, tous les ans, sept jeunes hommes et sept jeunes filles d’Athènes. Thésée est parvenu à tuer le Minotaure aidé par Ariane fille de Minos. Les jeunes Athéniens représentés sur le vase François sont conduits par Thésée qui avance vers Ariane et sa nourrice. Cette scène est généralement interprétée comme le moment de la délivrance, peut-être celui où Thésée, débarquant à Délos, invente une danse appelée la geranos, la danse de la grue.Au registre suivant, Thésée apparaît à nouveau dans une centauromachie. Sa présence laisse deviner l’épisode du combat livré lors des noces de Pirithoos et d’Hippodamie. La bataille se déroule entre des Lapithes armés en hoplites et des centaures dont la sauvagerie est renforcée par leurs armes de défense (des branches d’arbres et des rochers) et les noms qu’ils portent : Hylaios (le Forestier), Pertyaios (le Rocheux), Agrios (le Sauvage).
Le registre suivant, qui rappelons-le fait le tour complet du vase, est similaire à celui de la face A : cortège des noces de Thétis et Pélée. Sous le cortège des dieux, le registre médian présente le monde des Olympiens : nous trouvons Zeus et derrière lui Héra, sur leurs trônes respectifs suivis d’une assemblée de dieux dont Athéna, Arès et Artémis. Face à ces dieux se situe Aphrodite qui reçoit un cortège mené par Dionysos accompagné par un silène tenant une outre de vin ; ce dernier conduit le mulet où siège Héphaïstos. Le cortège se ferme par une troupe de Silènes et de nymphes. Cette scène met en lumière le retour d’Héphaïstos sur l’Olympe, conduit par Dionysos. Héra avait précipité Héphaïstos de l’Olympe après sa naissance. Ce dernier fut accueilli par Thétis qui l’éleva pendant plusieurs années. Héphaïstos feint de se réconcilier avec sa mère Héra et lui offre en présent un trône pourvu de liens invisibles ; une fois assise, Héra se trouva enchaînée et ne parvenait plus à se relever. Aucun des Dieux n’arriva à convaincre Héphaïstos à la délivrer, seul Dionysos y parvient en le faisant boire. En délivrant sa mère, Héphaïstos retrouve sa place auprès d’Aphrodite son épouse. Du même coup, en remerciement, Dionysos lui aussi gagne sa place auprès des dieux.
Les différentes scènes mythiques du vase François s’associent : ainsi le bestiaire aux côtés de l’Artémis chasseresse et les ailes déployées de cette dernière font écho à la dernièrefrise figurée de la panse : les animaux combattants et les sphinx orientalisants ; l’épisode où Achille délivre les jeunes Athéniens et invente la danse de la grue (geranos), fait appel à la frise du pied : le combat des Pygmées contre les grues. Le mariage de Thétis et Pélée et celui de Pirithoos et Hippodamie s’associent par opposition pour mettre en valeur la société des dieux olympiens par rapport à la sauvagerie des centaures, deux mondes qui incarnent l’homme et l’animal. Enfin, les scènes retenues pour mettre en valeur certains exploits héroïques ne représentent pas l’exploit en lui-même mais l’épisode qui suit : Thésée après avoir vaincu le Minotaure ; les jeux funèbres en l’honneur de Patrocle ; la scène où Ajax porte la dépouille d’Achille loin du champ de bataille.
Le vase François par sa richesse réunit le monde des dieux et des héros et relate la victoire sur la sauvagerie, rétablissant de la sorte l’ordre dans le monde grec. Le vase dégage une conception homérique dans la narration épique, rappelant ainsi le grand intérêt que l’on portait aux récits homériques et un savoir partagé dans la culture de l’époque archaïque.
Vase François face B |